NICO. Le jour le plus long : les impressions d’un guide.
Chers amis clients. Vous-êtes-vous déjà demandés ce qu’était une excursion vue avec les yeux d’un guide?
Nicolas, français vivant à Saint-Pétersbourg et guide à ses heures, raconte ses impressions et sa journée passée avec une très sympathique famille de Grenoble venue en Carélie faire du chien de traîneau.
Je connais la Carélie, mais je n’ai jamais servi d’accompagnateur là-bas. Ma collègue Anna avait besoin de renfort, alors j’ai bien sûr répondu présent. Une journée d’accompagnement dans une base de loisir au bord d’un lac, je dois dire que c’était difficile à refuser!
Je retrouve donc ma petite famille la veille au soir à la gare Ladojskaya, puisque nous devons embarquer à 22h07 dans le train de nuit pour Pétrozavodsk. Oui, Anna ne m’avait pas menti lors de notre briefing: trois enfants de 7 à 13 ans, et 4 adultes dont une grand-mère de 80 ans. Un tel attroupement de français ne passant pas inaperçu en Russie, je les repère rapidement dans la gare. Après les présentations, nous nous dirigeons vers le quai. Je les installe dans leurs compartiments de 4 couchettes et leur montre comment ranger leurs bagages. Je me rends ensuite à mon wagon, en 3è classe.
Le lendemain, arrivée matinale à 6h40. Je saute de mon wagon pour me diriger vers celui de mes clients, avec une petite angoisse de savoir s’ils ont bien dormi ou non. En arrivant, la provodnitsa, la chef de wagon, me reconnaît, et me dit ceci : « dites, vos français là, il faut leur dire qu’on est arrivés et qu’ils prennent leur petit déjeuner ailleurs! ». Je rentre et effectivement, mes français n’étaient pas vraiment près à sortir, alors que la gare était déjà presque vide de voyageurs. Ils me disent qu’ils ont passé une bonne nuit, et pour moi c’est bien ça le principal ! Comme prévu, nous retrouvons Vlad, notre chauffeur, qui nous fait monter et qui nous conduit à Koudama, petit village où se trouvent la base de loisir et le chenil. Merci à Anna pour l’organisation! La crainte qu’éprouve chaque guide lors de la rencontre avec un nouveau groupe s’estompe très vite car je comprends tout de suite que ce sont des personnes très agréables. Ils me questionnent sur la Russie et eux comme moi ne voyons pas passer les deux heures de bus. Ha, quel bonheur d’avoir des gens si intéressés!
A l’arrivée nous sommes installés par la gérante du site. Deux chalets en bois, faisant partie d’un complexe construit au bord d’un grand lac, entièrement gelé en hiver. Le décors est magnifique. Après le petit déjeuné, nous allons nous habiller chaudement avec des combinaisons polaires. On commence par une petite excursion dans une recontruction d’un village Saami, premiers habitants de la région. Ensuite nous faisons connaissance avec les chiens. Je vois les enfants ravis, et d’ailleurs les adultes le sont aussi ! Puis nous passons à l’instruction de la conduite d’un traineau à chien. Les visages sont perplexes, mais comme on dit en Russie : tout ira bien. Nous voilà donc lancés à l’assaut des 20 km du jour. Deux personnes et six chiens par traineau, et moi sur la motoneige d’Andreï, notre instructeur. Lac, puis forêt, nous passons par des chemins enneigés et des endroits magnifiques. A un moment , Andreï s’arrête et me fait asseoir à contre-sens, de sorte que je puisse plus facilement photographier les traineaux qui nous suivent. Deux heures de balade et nous voici de retour à la base pour un déjeuner bien mérité.
Suite du programme : pêche blanche, c’est-à-dire sous la glace. Nous partons en motoneige, la famille tractée sur une sorte de grande luge. Andreï connaît les endroits à poisson! Nous arrivons sur zone. Le but de l’exercice est de faire plusieurs trous à une trentaine de mètres les uns des autres pour ainsi voir où le poisson mord. Il faut creuser 40cm de glace à l’aide d’une énorme vis. Nous nous y mettons avec le père de la famille. Les enfants participent aussi, mais je dois avouer que nous ne réussirons jamais à creuser jusqu’au bout. Il nous faudra à chaque fois faire appel à Andreï, homme russe en bonne santé comme on dit ici, et qui fait ça presque sans forcer! c’est agaçant ! Nous faisons quelques belles prises d’au moins... ho... allez... 8cm! Mais les enfants sont contents et c’était le but. Au retour, les parents demandent à rentrer à pied pour profiter de cette merveille de la nature qu’est un lac gelé. Environ 1,5 km sur la glace, j’avoue que j’aurais bien fait ça aussi! En attendant le retour des parents, je montre aux enfants un trou dans la glace et une échelle... c’est pour se plonger dans le lac pendant le banya, le sauna russe. A ce qu’il paraît, mes français l’ont fait le lendemain... ils sont décidément très téméraires!
Le soir arrive et nous prenons le dîner dans une maisonnette typique des Saamis, avec un feu au milieu. Au cours du repas, le père me dit qu’il a acheté une bouteille de vodka à Saint-Pétersbourg et qu’il l’a avec lui. Professionnel jusqu’au bout, je leur propose de leur montrer comment trinquer à la vodka en Russie... ce qu’ils acceptent. Oui, vraiment, ce sont de très bons touristes ! Après cette leçon culturelle, je leur dit au revoir non sans émotion, car je dois repartir à Saint-Pétersbourg et laisser le relais à ma collègue Anna.
Quelle belle journée j’ai passé avec vous! Quel merveilleux travail que de rencontrer des gens sympas et de leurs faire découvrir un pays que j’aime. Venez nombreux en Carélie, pour que ma collègue Anna soit débordée et qu’elle fasse appel à moi!
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C’est normalement la période bien froide dans notre région, mais cette année la pluie nous a accueilli à la gare de Pétrozavodsk, capitale de la République de Carélie...